Castres aura donc fait déjouer tous les pronostics. Après avoir sorti à la surprise générale Clermont, le vainqueur de la phase régulière, le CO s'est offert le champion d'Europe en titre et deuxième du championnat. Qualifié de justesse pour les barrages, c'est finalement bien dans le Tarn qu'ira le Bouclier de Brennus.
Un barragiste sacré !
Castres a fait sensation en s'adjugeant le titre de champion de France de rugby aux dépens de Toulon (19-9), samedi au Stade de France au terme d'un formidable combat physique. L'exploit est immense pour le Castres olympique, seulement neuvième budget du Top 14, et qui soulève le quatrième Bouclier de Brennus de son histoire, vingt ans exactement après le dernier, controversé, face à Grenoble.
Quatrième à l'issue de la saison régulière, Castres a renversé des montagnes sur son passage pour atteindre le sommet: Montpellier (25-12) en barrages, Clermont la semaine passée en demies (25-9), puis l'ogre varois à qui tout le monde prédisait un destin en or. Il aura ainsi manqué un brin de souffle au RC Toulon, deux semaines après avoir concassé Clermont en finale de Coupe d'Europe (16-15) et huit jours après avoir aussi broyé Toulouse (24-9) en demi-finales de Top 14 à Nantes.
Déjà battus en finale l'an passé par Toulouse (18-12), les hommes de Bernard Laporte courent toujours après le quatrième Bouclier de Brennus du club. Ce titre est la dernière frontière d'une équipe qui semblait placée sur une dynamique implacable et qui a finalement buté sur la belle machine huilée du duo d'entraîneurs castrais Laurent Labit-Laurent Travers. Ces derniers ouvrent ainsi leur palmarès dans l'élite et transforment leurs adieux en apothéose puisqu'ils seront aux commandes du Racing-Métro l'an prochain. Quatre ans après leur arrivée dans le Tarn, ils hissent à l'empyrée une équipe sans véritable star mais soudée à l'extrême.
Samedi, dans un Stade de France archi-comble et surchauffé, les Castrais ont ainsi enrayé grâce à leur immense solidarité défensive la mécanique varoise. Surtout, ils ont pu compter sur leur demi de mêlée et buteur Rory Kockott, qui a livré une formidable prestation, éteignant au passage son vis-à-vis Frédéric Michalak, sorti dès la 50e minute.
Les poteaux de Wilkinson, comme un symbole
Le Sud-Africain a notamment inscrit un magnifique essai, prenant toute la défense toulonnaise à revers en s'infiltrant au ras d'un ruck, pour filer entre les poteaux, profitant au passage d'un écran rusé de son troisième ligne Ibrahim Diarra (40). Cet essai permit ainsi aux Castrais de basculer devant à la pause (10-3) et de ne jamais être repris. A l'inverse, Jonny Wilkinson a de son côté été inhabituellement inefficace au pied, heurtant quatre fois (!) les poteaux et ratant un drop. Soit 14 points gâchés en route au total, un handicap insurmontable en finale.
Plus impressionnant encore, les Castrais ont pris les Toulonnais à leur propre jeu. Impeccables dans le défi physique, ils ont contraint les Varois à s'exposer, produire du jeu et au final, multiplier les en-avant, à l'image d'un Mathieu Bastareaud très percutant mais bien trop imprécis.
Talès en mode Wilko
Plombés par le volume de déchet technique, les Toulonnais ont aussi perdu la bataille du sol, alors qu'ils ont quelques spécialistes en la matière: Bakkies Botha, Danie Rossouw, Chris Masoe. Aucun n'a été capable de sécuriser réellement les rucks et de permettre de sortir des ballons proprement. A l'inverse, le CO a été impeccable de réalisme, validant la plupart de ses temps forts. L'ouvreur Rémi Talès, convoqué avec le XV de France pour la tournée en Nouvelle-Zélande, a ainsi fait honneur à son nouveau statut en claquant deux drops (72, 74) salvateurs.
Un joli pied de nez à Wilkinson, spécialiste en la matière et qui venait de ramener le RCT à une longueur, par deux pénalités (46, 66). Une dernière pénalité de Rory Kockott (19-9, 79) achevait de mettre Castres à l'abri. L'essai à la sirène de l'arrière toulonnais Delon Armitage, encore hué toute la partie pour avoir chambré le Clermontois James en finale de Coupe d'Europe, ne changeait rien. Et comme un symbole de la rencontre, la transformation de Wilkinson se fracassait sur le poteau, avec les rêves d'un incroyable doublé de Toulon.
Fiche technique :
A Saint-Denis (Stade de France): Castres bat Toulon 19 à 14 (mi-temps: 10-3)
Castres champion de France
Temps: doux
Terrain: correct
Spectateurs: 80.033
Arbitre: Jérôme Garcès (Béarn)
Les points
Toulon: 1 essai S. Armitage (80+1), 3 pénalités Wilkinson (7, 46, 66)
Castres: 1 essai Kockott (40+1), 1 transformation Kockott, 2 pénalités Kockott (13, 79), 2 drops Talès (72, 74)
Remplacement temporaires:
Toulon: Hayman par Kubriashvili (19-27, saignement)
Les équipes :
Toulon: D. Armitage - Wulf (Mermoz 63), Bastareaud, Giteau, Palisson - (o) Wilkinson (cap.), (m) Michalak (Tillous-Borde 50) - Fernandez-Lobbe, Masoe (S. Armitage 71), Rossouw (van Niekerk 58) - Kennedy, Botha - Hayman, Bruno (Orioli 47), Sheridan (Chiocci 67)
Castres: Dulin - Martial, Cabannes, Baï, Andreu - (o) Talès (cap), (m) Kockott - Caballero, Claassen, Diarra (Bornman 73) - Capo Ortega (Tekori 59), Samson - Wihongi (Lazar 78), Mach (Bonello 78), Taumoepeau (Forestier 75)
Le palmarès des 30 dernières éditions :
2013: Castres
2012: Stade toulousain
2011: Stade toulousain
2010: Clermont
2009: Perpignan
2008: Stade toulousain
2007: Stade français
2006: Biarritz
2005: Biarritz
2004: Stade français
2003: Stade français
2002: Biarritz
2001: Stade toulousain
2000: Stade français
1999: Stade toulousain
1998: Stade français
1997: Stade toulousain
1996: Stade toulousain
1995: Stade toulousa1989: Stade toulousain
1988: Agen
1987: Toulon
1986: Stade toulousain
1985: Stade toulousain
1984: Béziers